Anciennement appelé Psychose Maniaco-Depressive (PMD), il s’agit d’un trouble très fréquent : entre 0, 8 % et 1,3 % de la population générale, en ne comptabilisant que les cas TYPIQUES dits de type 1; soit jusqu’à 1 000 000 de cas en France . Si on comptabilise tous les types, on arrive vite au chiffre de 5 à 7 % ! Le diagnostic est délicat et nécessite une formation médicale appropriée et une bonne expérience clinique. Le diagnostic se fait en général après une période d’errance médicale d’une dizaine d’années (entre 7 et 13 ans, selon les études savantes) durant lesquelles le patient se plaindra de ses symptômes à 4 ou 5 medecins différents avant que le diagnostic soit posé. Le retard diagnostic est donc très fréquent .
La clinique est dominée par une alternance (presque) aléatoire des phases de dépression (tristesse, repli sur soi, fatigue inexpliquée, manque d’envie, douleur morale ....etc ) et des phases maniaques (euphorie, hyperactivité, facilité du contact avec les autres, accélération du cours de la pensée, achats compulsifs ....etc ) . Il s’agit d’un « SYNDROME « . Il n’est donc pas nécessaire d’avoir la totalité des symptômes pour que le diagnostic soit posé; les écrits savants tel que le DSM -5 (classification Américaine des maladies mentales), ou la CIM 10 (classification mondiale des maladies par l’OMS), guident le psychiatre pour poser le diagnostic. Les recommandations de la HAS (haute autorité de santé) sont également une base de bonne pratique tant pour le diagnostic que pour la prise en charge .
Le psychiatre vous aidera à poser, confirmer ou infirmer le diagnostic et à organiser le cas échéant, la prise en charge la plus appropriée pour vous. Car chaque cas est unique .
D’ailleurs on parle désormais du "SPECTRE DES TROUBLES BIPOLAIRES", en raison de la grande varieté des nuances cliniques qui définissent autant de sous catégories ou types :
- Type 1 : existence dans l’histoire médicale du patient d’au moins un épisode maniaque franc ET d’épisodes dépressifs ; c’est la cas typique et heureusement le moins fréquent (1% de la population générale) car socialement dévastateur ;
- Type 2 : existence d’épisodes dépressifs et d’ épisodes maniaques d’intensité modérée (on parle d’ HYPOMANIE) .
- Type 3 : regroupe les autres nombreux cas de figure : inversion de l’humeur suite à une prise d’anti dépresseurs ; cyclothymie ; trouble bipolaire à cycle rapide voire à cycle très rapide; état mixte .
Il existe aussi d’autres formes s’accompagnant de délires et d’autres symptômes psychotiques . On parle des : troubles schizo affectifs , psychoses affectives , psychoses thymiques , dysthymies ....., qui sont autant de variantes subtiles du trouble bipolaire .
Il ne faut pas confondre le trouble bipolaire avec :
- le simple syndrome dépressif éventuellement récurrent
- le trouble border line ou encore état limite avec une certaine explosivité émotionnelle , impulsité et en général prise de toxique , ....
- l’épisode psychotique bref anciennement nommé BDA ( Bouffée Délirante Aiguë )
- le TDAH ( Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité )
- la précocité intellectuelle ou encore le Haut Potentiel Intellectuel , qui s’accompagne d’une hyper- empathie et d’une certaine labilité émotionnelle trompeuse
- certains désordres endocriniens : hyperthyroïdie ( exces de sécrétion de l’hormone thyroïdienne , la Throxyne ) , hypercorticisme ( hypersécrétion par la partie corticale de la glande surrenale des hormones dites corticosurrenaliennes : notamment le cortisol , ....
- les phénomènes mentaux accompagnant parfois les cancers du cerveau , l’ épilepsie non soignée ou bien non équilibrée ,
- les formes avancées de Syphilis avec atteinte du cerveau ( Syphilis tertiaire ) .
- la fibromyalgie
- certaines formes d’encephalites ( atteinte du cerveau ) herpétiques ( causées par le virus de l’Hepès )
- les séquelle d’une atteinte ( par exemple après un traumatisme crânien ) du lobe frintal du cerveau
Le trouble bipolaire necessite une prise en charge adaptée pour éviter la survenue des nombreuses conséquences fâcheuses : des hospitalisations ou au minimum des arrêts de travail récurrents mettant régulièrement la vie professionnelle en danger ; difficultés financières ( en cas d’achats compulsifs recurrents ) ; conjugopathies ( les conjoints et conjointes des malades bipolaires sont souvent en grande souffrance et les séparations et divorces sont fréquents ) ; les anomalies du développement psychologique des enfants confrontés en permanence à l´instabilité et à l’insécurité psychologique engendrée par la maladie bipolaire qui rend un parent imprévisible , incertain , peu rassurant .
Il est quelques fois utile de demander une RQTH ( reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé ) à la MDPH ( Maison Départementale du Handicap ) pour éviter le licenciement et accompagner le maintien dans l’emploi . Car le trouble bipolaire s’accompagne naturellement de difficultés cognitives (faible mémoire de travail c’est à dire la capacité à mobiliser simultanément plusieurs mémoires pour accomplir une tâche ; difficulté à maintenir longtemps la concentration et l’attention ; la capacité au raisonnement abstrait ; ..... ) sournoises qui peuvent abîmer grandement l’efficacité du malade bipolaire face à une tâche à accomplir . Le patient bipolaire est plus vulnérable aux facteurs de stress . La RQTH permet à l’employeur de bénéficier d’exonérations des charges salariales lui permettant d’adapter le poste de travail à la vulnérabilité accrue , sans perdre en rentabilité et donc en compétitivité . Cela diminue donc la tentation de l’employeur de licencier .
Une légende très populaire prétend qu’une femme bipolaire enceinte ne peut pas prendre de médicaments pour continuer de soigner sa maladie bipolaire . Ceci est totalement faux : le psychiatre saura éviter les médicaments pouvant présenter un risque pour le bébé .
La bonne prise en charge de la maladie bipolaire associe en général différents aspects combinés , dans les proportions dictées par la situation singulière de chaque cas :
- traitement chimique avec des médicaments dits NORMOTHYMIQUES ou encore THYMOREGULATEURS du fait qu’ils ramènent l’humeur dans des fluctuations plus « raisonnables « statistiquement et socialement ; ils appartiennent à diverses classes chimiques et pharmaco- cliniques : certains anti épileptiques ; certains anti psychotiques ; les sels de Lithium .
- la psychothérapie pour traiter les troubles de personnalité souvent sous jacents et pour déplier les nœuds biographiques souvent nombreux ; une bonne psychothérapie facilite toujours l’efficacité du traitement chimique mais la remplace pas celui-ci qui démeure le socle de la prise en charge .
- la psycho éducation pour apprdndre au bipolaires les principes de la « bonne façon « de vivre avec sa maladie afin que celle ci soit le moins délétère possible pour sa vie sociale et professionnelle
- la socio thérapie évite la dessocialisation par des ateliers et activité de groupe réunissant les patients partageant en commun le diagnostic de trouble bipolaire . Cela est un facilitateur de l’acceptation de la maladie et donc de la bonne prise des médicaments .
En cas d’échec ou de contre indication à la prescription des traitements chimiques, ou encore dans certaines situations d’urgence on peut recourir à :
- la sismothérapie (ETC = électro convulsivothérapie anciennement nommée les "electrochocs") parfois bien utile mais malheureusement accablée par un préjugé défavorable très répandu .
- la Stimulation Magnétique Transcrânienne profonde (deep TMS) .
Le psychiatre vous aidera à construire le projet thérapeutque le plus approprié à votre cas particulier. En cas de nécessité, il pourra faire recours à un "centre expert" qui est une unité universitaire d'avis diagnostic et d’orientation thérapeutique et un centre de recherche sur le Trouble Bipolaire. Les centres experts bipolaires (quelques uns par région administrative) sont très sollicités et les rendez vous y sont longs. Ils sont un centre de soutien aux soignant et re orientent systématiquement le patient aux psychiatre de proximité pour la prise en charge concrète .
Sans prise en charge le Trouble Bipolaire empoisonne véritablement la vie du malade et de son entourage . En revanche , une prise en charge adaptée permet dans une très grande majorité des cas , à une vie sociale et professionnelle casi normales . J’ai l’habitude de dire aux patients : le Trouble Bipolaire est une « bonne maladie mentale « , quand le patient accepte de se faire soigner convenablement ; car contrairement à certains autres troubles mentaux , il existe une belle panoplie de médicaments très efficace permettant d’avoir une excellente qualité de vie malgré la maladie .
De l’avis des experts, certains personnages devenus historiques étaient Bipolaires : Napoléon BONAPARTE ; Van GOGH ; Wiston CHURCHIL .....